La Newsletter de la SAM - n°19 - Avril 2021
Jean-Jacques Dorne et Marc Nayfeld interviewent Alain CASADO
Nous sommes dans le centre de Toulouse. Mais sitôt franchie la porte qui donne sur l’avenue, le silence nous protège de la rumeur urbaine. Un premier couloir, puis une courette, puis une deuxième porte. Un nouveau couloir et nous voilà dans un salon où sont exposés plusieurs tableaux d’autres peintres qui entourent de leur amitié quelques œuvres d’Alain Casado. Sur un côté du salon, par une porte-fenêtre, on devine un jardin entouré de hauts murs. L’amitié et l’amour tiennent une place essentielle dans la vie et dans le travail du peintre qui nous reçoit ce jour-là. Les lieux en témoignent immédiatement, et les tableaux d’Alain Casado en reçoivent une grande part de leurs couleurs et de leur lumière.

Jean-Jacques Comment es-tu arrivé à la peinture ?

Alain Il faut remonter à mon enfance. Comme disait ma mère "j’ai toujours vu mon fils dessiner." J’avais deux passions: la peinture (et le dessin) et le football. La "parenthèse" du travail a duré 40 ans, au début dans l’enseignement ensuite dans la direction d’établissement. Une parenthèse que je ne regrette pas du tout : j’ai rencontré des gens extraordinaires, des élèves très attachants, quelquefois les plus difficiles d’ailleurs, ceux qui souvent reviennent nous voir. J’ai toujours été un homme de projets, j’ai eu de la chance, à tous les niveaux, que ce soit avec les collègues, en tant que chef d’établissement, dans les relations avec la direction diocésaine, j’ai pu mettre en place un certain nombre de projets, dont l’Art à l’École avec Roland Boo.

Jean-Jacques Tout petit, tu dis que tu dessinais, qu’est-ce que tu dessinais ?

Alain J’aimais beaucoup le dessin, je regardais les livres d’art, et plus tard je m’intéressais à l’École de Barbizon, à Corot, Daubigny et puis les Impressionnistes. C’était quand je suis entré au collège, même un peu avant, vers 10 / 11 ans. Encore avant, au CM1, l’institutrice m’avait fait faire une gouache, c’était un paysage.
En regardant ce que faisaient mes camarades, j’avais vu que c’était un peu mieux que les autres et ils me le disaient aussi. Je me suis dit que j’étais capable de faire quelque chose. Ç’a été un encouragement.
Plus tard c’est surtout mon professeur de collège qui m’a demandé ce que je faisais en dehors de l’école, il m’a encouragé. Il m’a dit "quand vous aurez fini vos études, je vous conseille d’entrer à l’École des Beaux-Arts." Je faisais aussi, à côté de ça, des reproductions. Ma mère avait un salon de coiffure, ç’a été mon premier lieu d’exposition …
Jean-Jacques … ton premier Salon …

Alain … oui ! J’essayais de reproduire le mieux possible. Je peignais à l’huile, il fallait que la peinture s’oxyde, alors ma mère les accrochait dans le salon. Et j’ai fait mes premières ventes ! Parallèlement à ça, je lui décorais les vitrines. Il y avait des contraintes, il fallait montrer de belles coiffures, des coiffures qui changeaient en fonction de la mode. Je faisais aussi ce qu’on appelait à l’époque des posters. J'ai dû faire tous les artistes de l’époque, Polnareff, Johnny Halliday, Julien Clerc, des posters psychédéliques. Ensuite, ma mère m’a mis en cours privé avec un artiste qu’on a retrouvé plus tard comme candidat au Salon des Méridionaux. J’étais élève chez le Frères des écoles chrétiennes. Ils ont appris que je faisais de la peinture, des posters et pour les fêtes de fin d’année ils m’ont demandé si j’accepterais de leur peindre des posters. Pendant l’entracte ils vendaient les posters aux enchères. Voilà les souvenirs de jeunesse. Après, il a fallu attendre l’École des Beaux-Arts, et là ça n’a pas été facile …

Jean-Jacques Avant la période de l’École des Beaux-Arts, tu parlais de ton intérêt pour l’École de Barbizon, comment tu connaissais ces peintres ?
Retrouvez l'interview complète sur le Site de la SAM en utilisant le bouton ci-dessous:
L'interview de Alain CASADO
L'actu de la SAM


De nouveaux Sociétaires.

L’Assemblée générale de la Société des Artistes Méridionaux a élu quatre nouveaux Sociétaires et nous nous réjouissons de les accueillir parmi nous.

Depuis quelques années, Bérengère et Antoine Voisin attiraient notre attention par la qualité des œuvres qu’ils nous proposaient lors des Salons. Une meilleure connaissance de leur travail et de leur personne a confirmé par la suite notre souhait de les intégrer dans notre Société.

Marie-Hélène Combres apportait son aide depuis quelques années à notre équipe dans des tâches de préparation au Salon. Sa participation discrète mais efficace a rendu évident pour nous sa place dans le groupe.

Marc Nayfeld, dont le nom apparaissait depuis quelques années dans notre site est en effet le collaborateur de Jean-Jacques Dorne. Il participe activement avec brio et gentillesse aux entretiens des artistes dans leur atelier. C’est tout naturellement qu’il devient Sociétaire.

Pour mieux les connaître, nous vous proposons une petite présentation de chacun d’entre eux.

Alain Casado
Président de la SAM.

BÉRENGÈRE

L’espace qui sert d’atelier d’artiste est juste une pièce de la maison où peu à peu table, tabourets, chevalets, boites, outils de dessin, ficelles, cartons, rouleaux de papier en ont effacé l’usage ancien. Nichée à l’étage, la pièce est un refuge. Sans rien d’exceptionnel, mais elle est beaucoup.

Il y a quatre ans, dessiner, mais réellement dessiner, y aller tous les jours, ravager du papier, des mines, tout cela est redevenu pressant. Dans le même temps, l’actualité devenait effervescente. Manifestations, violences, blessures graves, choquantes.
Il me fallait représenter l’analogie entre les blessures faciales de gueules cassées, vieilles photographies à l’appui, et les fractures au visage chez des manifestants.
Pas de crayonnés alors, pas d’esquisse préparatoire.
Le but de la série était de montrer les détails crûment, en valeurs de gris, jusqu’à dépasser le côté éprouvant, d’attaquer la feuille et d’aller jusqu’au bout. Ainsi est née une grande suite de visages abimés.

A la fin de ce travail, il fallait tourner la page, un autre thème, vaste, s’est imposé. Nécessairement plus léger, plus heureux. Les gens de théâtre, les acteurs. Parce-que j’aime le théâtre. Sa folie.
Il y a tout dans le théâtre, tout de la nature humaine, des expressions, des jeux, des comportements, il y a l’exagération, les travers et la drôlerie aussi.
Encore avec des mines de graphite. C’est un outil de prédilection. Pour le moment.
Sur la feuille, un grand soin est porté à la construction. C’est fascinant de construire juste sans gommer ou a minima, sans évincer toutefois des hasards heureux de traits.
Des traits, sur mes dessins, il y en a beaucoup, par couches successives, avec des mines très variées, des traits rapides, des plus lents aussi.

La série des théâtreux dans leurs jeux d’acteurs est en cours. Les formats sont plus grands. Et désormais il y a un travail de composition, des esquisses légères.
Le déroulé est toujours le même, en esprit. Après les crayonnés et la définition du format, le tracé des grandes lignes, viennent s’accrocher les premières zones de gris qui portent les orientations des traits. S’ensuit une petite bagarre entre la feuille, la main et la pensée pour avancer jusqu’au point magique. Quand ce qui est dessiné ne compte plus. Quand ce sont les gris qui se parlent entre eux. Quand on tourne autour de la feuille pour voir différemment. Quand on revient au sujet formel pour mieux s’en éloigner. Quand on juge les traits superposés, qu’on réajuste des blancs.
Quand on réalise que chaque dessin est nourri des précédents.


Antoine VOISIN

Présenter son travail de peintre est toujours une entreprise délicate: Un travail ? une entreprise? Déjà les mots semblent inadaptés pour parler de pure liberté d'agir. D'abord on se prend d'affinités pour d'autres artistes, si nombreux que notre touche personnelle semble vaine. C'est sans compter l'immense plaisir de peindre, le pouvoir de faire sortir du néant des images inédites, même si elles s'inspirent de tant d'autres ; et de les partager.
Je n'ai jamais pu me cantonner dans une seule direction: aussi mes œuvres naviguent au gré de séries thématiques qui me permettent d'explorer la couleur et la matière.
S'il y a des constantes, elles sont sans doute autour de la notion d'espace, qui s'ouvre au delà de la toile. Aussi dans la couleur, inépuisable source de beauté.

Rarement mes œuvres sont préconçues: elles se construisent toute seule, histoire de m'étonner moi-même en chemin. Ce parcours chaotique du tableau est tout entier destiné à être le plus juste possible.

Je travaille surtout l'acrylique, mais aussi beaucoup de techniques mixtes (estampes, encre, …). J’expose surtout dans le Sud-Ouest, au gré des séries : « KCCBO », « Toro sans) machie », « Paredes", "Encalladura"...J'ai aussi représenté les gens au travail en entreprise au cours de 3 résidences, et peint une grande fresque sur ce thème pour Toulouse-Métropole ; j’ai réalisé deux livres d'encres associées aux poèmes de Claude Barrère; et nous nous essayons, avec Charles Giulioli, à des « peintures de concert ».

Ravi d’être maintenant sociétaire des méridionaux!


Marie-Hélène COMBRES

Bonjour et surtout Merci à tous de m'accueillir au sein de la Société des Artistes Méridionaux, en tant que sociétaire souscripteur (grand merci à ceux qui m'y ont invitée...).
C'est grâce à Alain (Alsemo) que j'ai découvert "la SAM". Ce fut donc tout naturellement et avec la plus grande joie que je l'ai aidé lors de l'installation du Salon de 2019.
Alain devenu trésorier, ma présence à ses côtés devant l'ordinateur fut un double plaisir, car faisant également appel à mes années plus lointaines dans le secrétariat.
C'est ainsi avec joie que je continuerai si besoin à le seconder dans ses diverses tâches administratives, l'accompagnerai et tenterai de vous aider au mieux.
Si l'art m'a toujours attirée, sans posséder hélas le don permettant de l'exercer, vivre avec Alain me fait partager avec bonheur sa passion et son travail, de l'intérieur.
Grâce à lui, j'ai découvert la richesse de votre association.
Séduite par la convivialité et la chaleur humaine se dégageant de chaque rencontre, me voici honorée de faire désormais partie des vôtres, en espérant parvenir à vous faire bénéficier longtemps du peu que je puis vous offrir.
Merci à vous tous pour votre confiance.


Marc NAYFELD

L’écriture a été longtemps pour moi une activité étrangement épisodique, à laquelle j’attachais pourtant une importance très haute, souvent liée à des rencontres personnelles. J’ai aussi consacré beaucoup de temps à susciter l’écriture chez les autres ou à les accompagner dans cette tâche. Dès mes débuts d’enseignant, j’ai été membre du mouvement Freinet et les murs de la classe étaient recouverts de poèmes d'élèves. Il y avait des ateliers de poésie, de théâtre, et tout cela faisait l’objet de spectacles ou de publications dans l’établissement et dans des revues pédagogiques. Plus tard, comme conseiller en formation continue, j’ai animé des ateliers d’écriture pour des formateurs d’adultes, participé à des stages d’écriture avec des personnes qui partageaient sans doute la même tentation d’écrire. J’ai aussi travaillé un temps avec la revue Education Permanente qui comportait à chaque parution un cahier spécial Education nationale consacré à ceux d’entre nous qui étaient soucieux de formaliser leur réflexion et leur pratique. Et j’ai assuré le suivi de nombreux mémoires professionnels.
Bref, l’écriture n’a cessé de m’intéresser, l’écriture poétique surtout, j’ai toujours été un lecteur très attentif de poètes comme Paul Celan, René Char, Yannis Rítsos, Rainer Maria Rilke, Philippe Jaccottet … et les quelques fois où j’ai essayé d’écrire, cela a été autant une préoccupation spirituelle, comme cela l’était je pense pour ces poètes, qu’une écoute de la matérialité et de la musicalité des mots. Ces dernières années, j’ai renoué avec mon intérêt pour l’Orient en lisant régulièrement des haïkus et en essayant de m’en inspirer pour écrire des poèmes courts.

Une exposition au Salon des Artistes Méridionaux au Bazacle à Toulouse, en 1997, a constitué le premier temps d’une collaboration avec Jean-Jacques Dorne, qui a continué jusqu’à aujourd’hui sous la forme de rencontres avec des artistes dans leur atelier, donnant lieu à une publication de notre entretien sur le site de l’association.

Sur Vos Agendas


91e Salon: LE MUR - Du 23 novembre au 11 décembre 2021

Considérant la situation actuelle, avec l’avancée de la pandémie et ne voulant priver personne de la qualité du 91ème Salon des artistes Méridionaux, nous avons décidé de reporter dans l’état le Salon en 2021, du 23 novembre au 11 décembre, date à laquelle le plateau d’exposition de la Maison des Associations nous est réservé.

Les Artistes Méridionaux présenteront les interprétations réalisées spécialement pour ce Salon par 89 plasticiens de la grande région Occitanie.

Le 91e Salon sera l’occasion de confronter les diverses tendances de l’art contemporain.

TMC
TMC
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