Photo de Toulouse

CAMALOT (1955-2025)

Camalot

     Philippe Cam-Halot, dit Camalot, est né le jeudi 10 février 1955 à La Rochelle, à huit heures du matin. Il s’était installé depuis quelques années à Baziège, dans une maison qui lui ressemblait, reflet de son univers singulier. Artiste profondément influencé par le Pop Art, Camalot a consacré l’essentiel de son œuvre à son sujet de prédilection : la Femme. Il lui crée des univers exclusifs, la transposant telle qu’il aime l’imaginer au quotidien. Son style dépouillé traduit une maîtrise technique impressionnante. Dans ses compositions plus complexes, il aborde avec acuité des thèmes universels – la crainte, la peur, la haine, mais aussi l’amour.

Camalot

     Ses toiles figuratives, volontairement épurées, échappent à une figuration classique : il substitue à la carnation naturelle des teintes franches – vertes, bleues, pourpres ou orangées – qui confèrent à ses œuvres leur identité. Ce choix contribue à la singularité de son univers, où l’on perçoit parfois une touche inspirée de la bande dessinée, mais dont l’ancrage reste résolument pop art, à l’image d’Adami ou de Roy Lichtenstein.

     Son atelier, fidèle reflet de sa personnalité, s’ouvrait sur un séjour tamisé. Au fond, un comptoir où reposaient un jeu de cartes prêt pour un tour de magie, quelques statuettes, deux lampes diffusant une lumière douce, et une imposante collection de vidéos. À droite, un corridor étroit, aux murs orange, menait à une enfilade de toiles représentant des jeunes femmes à la nudité espiègle et assumée. Le passage débouchait sur une pièce plus lumineuse, baignée par une porte-fenêtre, où s’alignaient chevalets, pinceaux, tubes de peinture et tableaux rangés, témoins de son travail quotidien. Sur les murs, de nombreuses affiches rappelaient ses expositions, notamment à la Galerie Palladion.

Camalot

     Formé aux cours du soir de l’École des Beaux-Arts de Toulouse, il y côtoya plusieurs artistes méridionaux, Elisabeth Aragon, Julius… À partir de 1986, il expose dans les Salons régionaux puis parisiens. Remarqué lors du Salon des Artistes Français, il est invité par la Galerie Juliette Laurent (rue Dauphine, Paris), où il expose régulièrement de 1989 à 1992.

     En 1992, il devient sociétaire de la Société des Artistes Méridionaux (SAM) et s’implique activement dans la vie de l’association en intégrant le bureau comme secrétaire. C’est alors qu’il adopte définitivement le pseudonyme de Camalot, surnom affectueux qui lui avait été donné à la SAM. Son engagement sans faille, sa bienveillance, son humour parfois décapant mais toujours chaleureux, ont marqué les esprits et illuminé les rencontres. Ses bons mots, attendus presque comme un rituel, savaient rapprocher les gens et détendre l’atmosphère.

      En 1998, il rejoint la Galerie Saint-Simon à Toulouse, puis, à la fermeture de celle-ci en 2000, il reste fidèle à la Galerie Palladion, jusqu’au bout.

Camalot

     Son travail explore de multiples thématiques : les volcans, le jazz, l’enfance (inspiré par sa fille), le cirque, les animaux (chats, cochons), mais aussi l’abstraction. Ainsi, sa série consacrée aux volcans traduisait l’énergie brute des éruptions : un cœur incandescent de lumière blanche, entouré de rouges et de jaunes explosifs, se détachant sur un noir profond. Ces tableaux, inspirés de photographies nocturnes et des œuvres de José Kablat, qu’il aimait beaucoup, transformaient la violence naturelle en une véritable explosion de couleurs. Puis, le nu féminin s’imposera durablement comme sa principale source d’inspiration.

     La couleur joue un rôle majeur dans son œuvre, mais tout commence par le dessin. Il choisit soigneusement ses teintes, évitant la répétition, et les fabrique lui-même : « Je n’utilise pas les couleurs sorties du tube. Je les ‘salis’ avec un peu de noir, je les ‘grise’, et elles deviennent des gris colorés. »

Camalot

     Inspiré par des séances photo avec ses modèles, il crayonne rapidement, compose, puis transpose sur toile, avant de retravailler longuement ses lignes noires pour atteindre l’effet voulu.

     Membre indispensable de la Société des Artistes Méridionaux, Philippe Camalot a aussi marqué la vie de l’association par la création et l’animation du site internet de la SAM, qu’il a su transformer en une vitrine ouverte sur le monde. Philippe, ton sourire, ton esprit et ton talent manqueront cruellement, mais ton œuvre et ton souvenir resteront vivants dans nos cœurs et sur nos murs.

Alain Casado



Haut de page